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Le coin du cinéphage
5 octobre 2006

SI TU ES GAY, RIS DONC...

Avant-première le 3 octobre à l’UGC cité-ciné Bordeaux de "Poltergay" en présence de l’équipe du film. C’était une belle consolation pour mézigue, pour avoir raté dans ce lieu, des rencontres au mois de septembre avec excusez du peu, Jamel Debbouze, Bernard Blancan, Rachid Bouchareb, Emmanuel Bourdieu, Jean-Pierre Darroussin, Asia Argento, Tony Gatlif et Bruno Dumont. Éric Lavaine très en verve – il a participé à l’écriture des "Guignols" et de la série "H", et avait réalisé "Le 17" -, éphémère sitcom  avec Jean Benguigui et Jean-Paul Rouve, tenait à présenter le film. Il a commencé par nous faire peur, en nous précisant que des fantômes existent à Bordeaux... En effet il nous citait l’exemple d’un individu ayant disparu pendant un an, et qui circulerait beaucoup en ce moment pour retrouver ses anciennes responsabilités… Renseignement pris, c’est même un ancien collègue blogueur, mais son blog, bien que non hébergé chez 20six, fabrique ectoplasmique, mord désormais, lui les pissenlits par les racines. Je crois que le réalisateur a raison, je dois témoigner aussi de phénomènes inexpliqués et paranormaux dans cette fille. En effet, j’arpente chaque jour la même rue, et je vois la bobine de l’ancien spectre en question sur des affiches électorales, salués par quelques citadins inscrivant quelques noms d’oiseaux sur la relative honnêteté du susdit candidat. Comme par miracle, les affiches redeviennent immaculées chaque matin ! Dans le petit matin blême, l’effroi est saisissant. Si ce n’est pas un phénomène à la "X-files" !. Il y a matière à un débat à la con chez feu Stéphane Bern, chez (F)rance 2, dirigé par aussi un esprit frappeur n’ayant pas survécu d’être le biographe officiel de Bernadette C. Après ses digressions cinquièmedimensionesques sans aucun intérêt,  venons au sujet du film. Marc – Clovis Cornillac, remarquable comme à l’accoutumée -, s’installe avec l’amour de sa vie – Julie Depardieu -, dans une grande maison isolée. Comme il est chef de chantier, il rénove ce bâtiment, abandonné depuis 30 ans. Mais ce lui, est une ancienne boîte de nuit homosexuelle, "L’ambigu", lieu d’un incendie accidentel en 1979. 5 ectoplasmes "gay" sont prisonniers du lieu depuis ce drame. Esseulés, et confinés dans la cave, ils sont émoustillés par le corps d’athlète de Marc – Clovis Cornillac, s’étant entraîné de manière spectaculaire pour interpréter un champion de boxe-thaï -…

Julie Depardieu & Clovis Cornillac

Taquins, narquois, versions discos d’Albin Mougeotte, ils ne cessent d’importuner Marc, et bien évidemment Emma, ne voit rien. Il demande conseil à son meilleur ami, David, médecin de nuit cocufié par la belle Anne Caillon – non, elle n’est pas coupée au montage cette fois… Je devine déjà vos sarcasmes -.  pensant que de fantasmes à fantômes il n’y a qu’un pas, y voit un symptôme d’homosexualité refoulée pour Marc… L’idée de base, qui en vaut bien une autre, on se demandait si ce divertissement pouvait tenir la route… Porté par de formidables comédiens, cette comédie enlevée se révèle finalement très probante, proposant en passant une petite ode sur la tolérance. Éric Lavaine, joue avec les poncifs, avec la formidable idée de prendre des comédiens inattendus et excentriques pour jouer des stéréotypes de "folles furieuses". Il faut voir Lionel Abelanski – voir note d’hier -, Gilles Gaston-Dreyfus inconditionnel du repassage coiffé d’une improbable perruque blonde, Jean-Michel Lahmi, en timide en quête de son identité, Philippe Duquesne destroy, brodant partout des symboles phalliques et qui nous livre un véritable morceau d’anthologie dans son plaidoyer de l’hétérosexuel landa, sans oublier le nouveau venu Georges Gay (sic), grand échalas survolté. Les voir danser au son de "Rasputin" vaut son pesant de cacahuètes, ils arrivent à glisser chacun une émotion alors que l’on pouvait présager une lourde caricature. Le quintet est absolument remarquable. C’est la première rencontre à l’écran de Clovis Cornillac et Julie Depardieu – ils partageaient l’affiche de "Un long dimanche de fiançailles", mais ils n’avaient pas de scènes ensemble -. Ils montrent à nouveau leurs grands talents, car il faut arriver à exister face à 5 voleurs de scènes spectraux particulièrement redoutables. Ils ont d’ailleurs fait des suggestions sur le film, comme la belle scène de la pomme, proposée par Cornillac, à la réécriture du rôle féminin qui n’existait pas véritablement dans la première version du scénario. Julie Depardieu, à nouveau subtile - chantant joliment "Born to be alive" -est idéale pour jouer un contrepoint inquiet à cette farce, aidant à la crédibilité de la situation.

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Lionel Abelanski, Philippe Duquesne, Georges Gay, Clovis Cornillac, Gilles Gaston-Dreyfus & Jean-Michel Lahmi.

Les autres comédiens sont à l’unisson, dont Michel Duchaussoy décalé en médium amateur de McDonald’s, Christian Pereira en beau-père bougon appréciant modérément son gendre, Thierry Heckendorn en patron vindicatif, Gérard Loussine en flic sarcastique, Christophe Guybet en dragueur d’hétéros ou Michel Modo en cafetier sensible, plus quelques surprises, comme le retour de Stefano Cassetti ou l’invité surprise du dernier plan. Le débat d’après film, fut absolument jubilatoire, en effet outre la venue de Clovis Cornillac et Julie Depardieu, nous avons eu la surprise de découvrir une chorégraphie hilarante de nos cinq fantômes au complet, porté par un Jean-Michel Lahmi virevoltant, avec un numéro halluciné rodé sans doute chez Édouard Baer, et ponctué par les traits d’esprits d’un Lionel Abelanski en grande forme. Grande et joyeuse animation, une petite fille posant une question sur le chat, on a eu confirmation après "La nuit américaine", de faire tourner des chats dans un film. Il disparaît du film, même avec des doublures, l'animal reste rétif à jouer son rôle. Pour la petite histoire, Marc-Antoine Beldent, ingénieur du son présent ce soir là, a révélé un de ses secrets... Pour obtenir les cris d’un chat apeuré, il a dû écraser les testicules d’un félidé de l’Europe de l’Est ! – mais que fait Brigitte ! -. Jolie rencontre ensuite avec les membres du film, de Julie Depardieu d’une grande franchise, et très critique envers elle même, Clovis Cornillac, toujours aussi disponible et généreux, Lionel Abelanski et Jean-Michel Lahmi rivalisant de sympathie, et Gilles Gaston-Dreyfus et Philippe Duquesne, plus calmes mais avec de la malice. Au final ce film, même s’il n’est pas sans défauts, finit par se distinguer dans le tout venant de la comédie française particulièrement en méforme ces derniers temps.

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