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Le coin du cinéphage
1 novembre 2006

LE COIN DU NANAR : C'EST PAS PARCE QU'ON A RIEN A DIRE...

"...Qu'il faut fermer sa gueule !". Non ce n’est pas le sous-titre du "support-technique" - je mets des guillemets, bien sûr - de mon ancien hébergeur de blog, où un énervé destitué insulte les blogueurs, avant de censurer ensuite une de ses notes vipérine. Ce n'est pas non plus, le résumé général de l’actuelle campagne présidentielle... C'est en fait le titre de l’un des sommets de la comédie désolante franchouillarde. On doit ce monument au cinéastes Jacques Besnard, sorti en janvier 1975, d’après une idée originale de Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Christian Clavier – ce dernier étant alors, coïncidence, le beau-fils du producteur Yves Rousset-Rouard -. L’histoire est simple, une minable histoire de casse, entre "Le pigeon" et "Faites sauter la banque". Riton et Max – Jean Lefebvre et Michel Serrault -, deux escrocs pathétiques et benêts, sont renvoyés par Phano, receleur qui se prend pour un génie – Bernard Blier, au mieux de sa forme -, vu la petitesse des résultats. Mais Phano a l’idée du siècle, fracasser le mur dans les toilettes publiques de la Gare de l’Est, dans le WC N°3, qui se trouve être mitoyen avec une pièce contenant un coffre-fort richement pourvu... L’idée n’est pas fracassante, rajoutant à cela les poussifs dialogues de Jean Halain et Albert Kantoff, louchant méchamment sur l’écriture de Michel Audiard, le talent en moins, à l’exemple de cette phrase de Blier à Serrault : "Le jour où on mettra les cons dans un panier, tu ne seras pas sur le couvercle". Evidemment, à la lourdeur ambiante, aux vapeurs d'urine, vient un petit côté scatologique. Notre trio de bras cassés, doivent percer le mur en plein jour, dans un lieu de forts passages, histoire de voler les recettes de la SNCF. Et il y a un obstacle colossal, le cerbère local qu’est la dame-pipi, - Tsilla Chelton, hilarante, excentrique, et professeur de l’équipe du théâtre du Splendid -. Il faut la voir véritable furie, gouverner son petit monde, déployer ses dons pour les langues avec les touristes étrangers. Mais elle ménage les habitués, dont Gaston, un contrôleur SNCF – mais qui contrôle plus l’accès des quais que sa vessie -. Gaston c’est Gérard Jugnot, dans un running-gag désolant, accompagné d’une petite musiquette de Gérard Calvi.

Tsilla Chelton, Bernard Blier, Michel Serrault & Jean Lefebvre

Evidemment, difficile pour le trio infernal de passer inaperçu avec cette terreur. Ils ne trouvent rien de mieux, que d’aligner les déguisements les plus improbables, un moine, un anglais, un pêcheur, des plombiers, et se disputent même certains costumes – moment culte où Michel Serrault chiale comme un gosse, parce que Lefebvre lui a piqué son costume d’Écossais -. Pas un modèle de discrétion ! Le petit monde trouble des sanisettes n’arrange rien à l’affaire, c’est une série de trognes qui défilent – dont Marcel Gassouk et Sébastien Floche, noms que je viens de soumettre dans la fiche du film chez IMDB -. Cerise sur le pudding, arrive Christian Clavier, en policier homosexuel. Il faut le voir draguer Bernard Blier, grand moment de n’importe quoi, il hume amoureusement sa nuque à grande force de mimiques. Le Clavier 75, ressemblant furieusement à Nicolas S., version minaude, cette représentation des forces de la loi a un petit côté furieusement subversif. Pas de Thierry Lhermitte pourtant souvent crédité dans se film – rôle coupé au montage ? -, mais on retrouve quelques seconds rôles comme Maurice Travail en automobiliste pressé, Max Amyl en agent de police narquois, Marion Game qui ne fait que passer, et Armel de Lorme me signale aussi Henri Coutet en contrôleur et Madeleine Bouchez en vieille dame outragée. Mais le film malgré l’absence de mise en scène chère à Jacques Besnard - déjà évoqué ici même – a un charme fou, un petit côté transgressif dans le mauvais goût assumé, malgré tous les clichés du cinéma comique d’alors. Bernard Blier est superbe, il fait preuve de grandeur même avec ces dialogues frelatés, Michel Serrault joue la carte du décalage amenant un brillant non-sens, et Jean Lefebvre, en improbable tombeur qui a du "Peps" ne démérite pas de ses deux partenaires monstres sacrés, ce qui prouve à nouveau que son talent est sous-estimé. Combien de nos nanars actuels auront ce même charme dans trente ans, tant nos comiques actuels se galvaudent rapidement… 

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Commentaires
D
Bonsoir, vive le septième Art! Je vous invite à venir voter pour votre humoriste préféré sur mon blog: pascaldjemaa.over-blog.fr
C
Le film semble avoir connu une édition DVD qui semble épuisée hélas, pour ma part je n'ai pas gardé l'enregistrement VHS fait lors d'un passage du film sur la chaîne TMC.
I
Bonjour, <br /> Je cherche à me procurer une copie de ce film, pourriez vous m'indiquer où m'adresser. Toutes les pistes que j'ai essayé jusqu'à aujourd'hui on été infructueuses. Merci d'avance pour vos réponses, <br /> Cordialement<br /> IDC
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